Marius Alphonse GUILLERMET
1868 (Outriaz 01) - 1939 (Lyon 7°)
Je n'ai découvert que récemment la vie de mon arrière-grand-père paternel, Marius. J'avais entendu dire qu'il avait eu la jambe esquintée par son cheval à l'armée et qu'il s'était installé à Lyon, ne pouvant plus assumer les travaux des champs à la ferme familiale à Outriaz, ferme qui fut donc reprise par son jeune frère Elie.
Voici donc l'histoire de Marius...
Jean Marie "Grégoire" GUILLERMET (1826 - 1899), père de Marius, perd sa première femme, Claudine Larçon, âgée de 38 ans, le 2 mai 1863. ll se retrouve donc seul avec quatre des six enfants qu'ils ont eu ensemble (deux étaient décédés bébés) : Marie Françoise Adelphine (13 ans), "Louis" François (10 ans), "Eugène" Adolphe (6 ans) et Marie Estelle (2 ans).
Grégoire se remarie un an après le décès de sa première épouse, le 14 mai 1864, à 38 ans, avec Joséphine ROCHAIX (32 ans).
Le 29 décembre 1865, naît Marie "Emma". Le 30 janvier 1867, naît le second enfant de Grégoire et Joséphine : François Elie.
Le 10 décembre 1868, à 13h, Grégoire GUILLERMET, 42 ans, se présente à la mairie de Lantenay pour déclarer la naissance de son neuvième enfant, Marius Alphonse, né à 5h du matin.
Il est accompagné de César BERTRAND, 49 ans et de Louis François EXPERT, 37 ans, tous deux cultivateurs comme lui, à Outriaz, hameau de Lantenay.
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Acte de naissance de Marius Alphonse GUILLERMET, le 10/12/1868
Archives Départementales de l'Ain en ligne |
Alors que Marius n'a que 6 mois, François Elie meurt, âgé de deux ans. Il a un an et demi lorsque naît sa soeur "Noémie" Alphonsine.
Le 18 juin 1873, Marius, âgé de 4 ans et demi, perd sa demi-sœur Marie Estelle, âgée de 12 ans. La même année, Louis, son frère aîné participe au tirage au sort du recrutement militaire (Registre matricule Belley 1873) et tire le n° 10. Pas de chance ! Il est bon pour le service et est affecté au 98° régiment de ligne.
L'été suivant est plus gai : sa demi-soeur Marie Françoise Adelphine, se marie à Outriaz, le 1° juillet 1874 avec un jeune de 26 ans originaire d'Hotonnes : Joseph MARTINOD, employé aux chemins de fer PLM et résidant à Cerdon.
En 1875, alors qu'il n'a que 6 ans, Marius perd successivement, le 22 février, son demi-frère Eugène, âgé de 17 ans et le 27 avril, sa petite sœur Noémie, âgée de 4 ans.
Son grand-frère Louis, part le 6 janvier 1875 comme appelé à l'activité. Il arrive au corps le 8 du dit, immatriculé sous le n° 11311. Il est nommé caporal le 19/11/1875.
Le 30 novembre 1876, à dix heures du matin, sa soeur Marie Françoise Adelphine (26 ans), ménagère à Genève, meurt chez ses parents. Dix jours plus tard, Marius a 8 ans.
Fin 1876, Grégoire (50 ans) et Josephine (45 ans) vivent désormais avec les quatre enfants survivants sur les onze nés des deux unions de leur père : Louis (23 ans), à l'armée, Emma (11 ans), Marius (8 ans) et Elie (3 ans).
Louis est nommé caporal conducteur des équipages le 10/11/1876.
Le 30 juillet 1877, Louis François GUILLAUMOT, curé de Brénod, meurt. Il est âgé de 69 ans. Louis, passe sergent le 09/10/1877.
Louis est envoyé en congé le 13/08/1878 en attendant son passage dans le réseau de l'Armée active. Certificat de bonne conduite accordé. Est-il déjà domestique à Leyrieu ou Marius a-t-il la joie de voir son grand-frère arriver à la ferme d'Outriaz ? Malheureusement, les recensements en ligne commencent en 1896, ce qui ne nous permet pas d'avoir une réponse à cette question.
Deux jours après Noël 1879, Louis, 26 ans, domestique à Ste Marie de Tortaz, à Leyrieu (38), se marie avec Félicité THOLLON, âgée de 22 ans. Marius a 11 ans. Toute la famille est-elle allée au mariage de Louis ? Bien qu'il ne soit pas cité comme témoin, Grégoire était présent à la noce, sa signature figurant en bas de l'acte, à gauche de celle de son fils Louis.
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A gauche, signature de Grégoire et à droite, celle de son fils Louis. |
D'après le registre matricule, on sait que Louis mesure 1,66 m, qu'il est blond aux yeux bleus, a le front bombé, le menton plat et le visage plein. Il est instruit (sait lire, écrire et compter). Bref, tout pour plaire à Félicité !
Louis passe à la subdivision de Bourgoin par changement de domicile le 04/05/1880 et accompli différentes périodes d'instruction militaires :
une période d'instruction au 140° de ligne du 21/08 au 17/09/1880.
C'est le moment que choisit son fils Benoît "Eugène" pour naître. Marius, 11 ans 1/2, devient oncle le 11 septembre 1880.
une période d'instruction au 140° de ligne du 23/08 au 19/09/1882.
une période d'instruction a 106° gal (?) du 19 au 31/05/1884.
En 1888, Marius participe au tirage au sort du recrutement militaire pour le canton de Brénod (Registre matricule Belley 1888). Il tire le n° 40 et est bon pour le service. Comme son frère Louis, il est instruit. Il est affecté au 10° régiment de chasseurs mais c'est au 11° régiment de chasseurs qu'il est appelé le 11 novembre 1889 où il arrive le 12.
On apprend alors que Marius mesure 1,64 m, a les cheveux et sourcils châtains, les yeux châtains, un front ordinaire, le nez moyen, la bouche moyenne, le menton rond et le visage ovale, bref, qu'il ne ressemble pas du tout à son demi-frère Louis, blond aux yeux bleus !
Il est visiblement sur Vesoul car c'est dans cette ville qu'il est réformé N°1 par la commission spéciale de réforme de Vesoul dans sa séance du 8 septembre 1892 pour osséo-périosite du tibia gauche avec fissule siégeant à la face interne de l'os à son tiers supérieur : épaississement notable du tibia, attrophie du membre de deux centimètres, semi ankylose du coud du pied : marche difficile et douloureuse. Cela confirme bien ce qui s'était transmis oralement dans la famille. Marius sera maintenu réformé par le conseil de révision du Rhône le 12 décembre 1914 (décret du 17 décembre 1914) et définitivement libéré du service militaire.
Il rentre donc à Outriaz (01), chez ses parents, à la fin de l'année 1892. L'année suivante, c'est au tour de son jeune frère Elie de tirer le n° 28 lors du recrutement militaire du canton de Brénod (Registre matricule Belley 1993). Il
mesure 1,72 m, a les cheveux et sourcils noirs, les yeux noirs, un
front ordinaire, le nez moyen, la bouche moyenne, le menton rond et le
visage ovale. Il ressemble donc plus à Marius qu'à Louis.
Comme ses frères, il est instruit et a un degré "exercé" en instruction militaire. Est-ce son frère Louis qui l'a instruit ? Il est affecté au 133° régiment d'infanterie. Il est incorporé au 133° Régiment d'infanterie à compter du 13 novembre 1894, envoyé au corps le dit jour sous le N° Matricule H663. Il est mis en disponibilité le 20 novembre 1895 en attendant son passage dans la réserve de l'armée active qui aura lieu le 1° novembre 1897. On lui accorde un certificat de bonne conduite.
En 1896, Marius, 27 ans, vit toujours à la ferme familiale avec son père Grégoire 70 ans, sa mère Joséphine, 63 ans, sa sœur Emma, 30 ans, et son jeune frère Elie âgé de 22 ans, tous cultivateurs. Sa blessure l'handicapant pour les travaux des champs, il lui faut songer à une autre voie professionnelle.
Son oncle maternel, Alphonse ROCHAIX est alors tisseur à Lyon où il s'est marié en 1870. Marius a donc des cousins lyonnais, légèrement plus jeunes que lui : Henri, François, Jean Alphonse, Étienne et Henriette. C'est donc chez cet oncle qu'on retrouve sa trace en 1899, un an après le décès de son père Grégoire.. Alphonse, 62 ans, vient d'emménager dans cet appartement après avoir logé dans six autres appartements auparavant, tous dans le 6° arrondissement. On peut noter que tous les immeubles dans lesquels la famille ROCHAIX a habité ont été rasés.
Adresses
successives d'Alphonse ROCHAIX, à Lyon 6°
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avant
9 août 1870
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126
rue de Sèze |
33
ans |
5
octobre 1872
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120
rue Cuvier |
35
ans |
8
juin 1874
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41
bis rue Masséna |
37
ans |
14
mars 1877
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65
rue Bossuet |
40
ans |
10
mai 1886
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87
rue Bossuet |
49
ans |
5
mars 1898
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49
rue Pierre Corneille |
61
ans |
NB :
A cette date, Henri et Francisque habitent
61
rue Garibaldi où Marius va vivre en 1899.
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En 1898, ses cousins Henri et François, qui vivent encore chez leurs parents où Marius emménage entre 1896 et 1899, sont alors tous deux employés de commerce et c'est donc ce métier que Marius adoptera dans un premier temps.
A Lyon, Marius, 30 ans, a fait la connaissance d'une jeune employée de commerce, âgée de 23 ans, Marie Louise GAUDIN. Celle-ci vit seule avec son père, veuf depuis 1897. Ses deux soeurs, Louise et Colombe, se sont mariées respectivement en 1892 et 1895.
La publication des bans de leur mariage a lieu les 15 et 22 octobre 1899. Celui-ci semble donc proche mais voilà que Grégoire, le père de Marius, meurt le 31 du même mois. Le mariage est donc repoussé. Au décès de son père, Elie reprend la ferme familiale à Outriaz où il vivra désormais avec sa mère et sa sœur Emma.
Le mariage de Marius et Marie Louise aura finalement lieu le 2 décembre de la même année, dans le 6° arrondissement de Lyon. Son frère Louis, 46 ans, propriétaire à Crémieu est présent tandis que sa mère, âgée de 69 ans, est absente. Elle a donné son consentement par acte passé devant un officier d'état-civil à Outriaz. Elie et Emma ne sont pas descendus à Lyon pour leur mariage.
Le deux décembre mil huit cent quatre-vingt-dix-neuf, à une heure du soir, par devant nous, Lucien VALLY, adjoint spécialement délégué par Monsieur le Maire de Lyon au sixième arrondissement municipal. se sont présentés
Monsieur GUILLERMET Marius - Alphonse, employé de commerce, demeurant à Lyon, rue Garibaldi, N° 61, célibataire, né à Lantenay, arrondissement de Nantua (Ain), le dix décembre mil huit cent soixante-huit, fils majeur et légitime de Mr Jean, Marie, Grégoire GUILLERMET, décédé à Outriaz (Ain), le trente octobre dernier, et de Dame Joséphine ROCHAIX, âgée de soixante-neuf ans, propriétaire, demeurant au dit Outriaz, laquelle a donné son consentement au présent mariage par acte passé devant un officier de l'état-civil de la dite commune, le vingt-quatre octobre écoulé enregistré.
et Mademoiselle Marie - Louise - Pierrette GAUDIN, employée de commerce, demeurant en la compagnie de son père, à Lyon, rue Dussaussoy, N° 4, célibataire, née en notre arrondissement, le trois juin mil huit cent soixante-seize, fille majeure et légitime de Mr Louis François GAUDIN, âgé de soixante ans, employé à la Caisse d'Epargne, officier d'académie, lequel est ici présent et consentant, et de Dame Magdeleine BROUSSE, décédée en cet arrondissement le dix septembre mil huit cent quatre-vingt-dix-sept .
Les dits futurs époux, procédant comme il est dit ci-dessus, nous ont requis de célébrer le mariage projeté entre eux dont les publications ont été faites sans opposition en notre arrondissement les dimanches quinze et vingt-deux octobre dernier, et, d'après notre interpellation, ils nous ont formellement déclaré avoir passé un contrat reçu Me VACHER, notaire à Lyon, le douze du même mois.
Faisant droit à leur réquisition, nous avons donné lecture des actes dont la production est exigée par la loi et qui nous ont été remis, ainsi que du chapitre six du Code-civil concernant les droits et devoirs respectifs des époux - Ensuite, nous avons demandé à mr GUILLERMET Marius - Alphonse et à mademoiselle Marie - Louise - Pierrette GAUDIN, s'ils voulaient se prendre mutuellement pour époux, tous deux ayant répondu séparément affirmativement, nous, officier de l'Etat-civil, déclarons au nom de la loi, qu'ils sont unis en mariage -
Dont acte passé en cette mairie et lu publiquement en présence de m. m. GUILLERMET Louis, quarante-six ans, propriétaire demeurant à Crémieu (Isère), frère de l'époux, ROCHAIX Alphonse, soixante-deux ans, tisseur, rue Garibaldi, 61, à Lyon, oncle de l'époux, BRIERY François, trente-deux ans, comptable, domicilié Place des Terreaux, 1, beau-frère de l'épouse ; et RABATEL Claude,cinquante-trois ans, propriétaire, rue d'Ivry, 37, lesquels, les époux et le père de l'épouse ont signé avec nous après lecture.
Acte de mariage Marius GUILLERMET et Marie Louise GAUDIN,
archives municipales de Lyon
Le jeune couple s'installe chez Louis GAUDIN, père de Marie Louise, au 4 rue Dussaussoy, où le 13 novembre 1900, naît leur premier enfant, Edmond, mon grand-père paternel.
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1901 : Marius posant avec sa femme Marie Louise et leur fils Edmond
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Le 22 février 1903, sa sœur Emma, 37 ans, se marie avec Eugène, Jean Baptiste BRUNET., cultivateur célibataire du Tremblay.. Quatre jours plus tard, leur mère Joséphine, 71 ans, meurt. Nous avons la chance d'avoir une photo de celle-ci datant probablement de ces années-là.
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Joséphine ROCHAIX sur la fin de sa vie
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Henri, 32 ans, cousin de Marius, dessinateur à la Voiirie municipale de Lyon, se marie dans le 5° arrdt, avec Eugénie Constance DEPAY, le 11 août 1903.
Le 3 avril 1905, c'est au tour d'Elie, 31 ans, frère de Marius, de se marier, à Corcelles (01), avec Delphine SAVARIN, 27 ans. Ils auront six enfants dont Louis, marié à Raymonde, à qui nous rendions visite chaque année au printemps, avec nos parents, après avoir pique-niqué et cueilli des narcisses. La montée du Cerdon est un des souvenirs liés à cette équipée vers Outriaz, notamment l'année où nous y sommes allés avec l'Hotchkiss Grégoire de papa dont le moteur a chauffé. Assis sur le talus, le long de la route, nous avons dû attendre que celui-ci refroidisse et que papa remplisse d'eau le réservoir avant de pouvoir poursuivre notre voyage (car dans les années 70, s'en était un !).
Le 28 novembre 1909, son cousin Etienne, se marie à Aulnay-sous-bois (93), avec Germaine Cécile Marie LECONTE, à l'âge de 32 ans.
Entre 1903 et 1910, Marius change de profession. Avec sa femme, ils reprennent un commerce "d'articles de cave", au début du cours de la Liberté, près de la Place du Pont, actuellement, Place Gabriel Péri. Ils durent déménager à nouveau car c'est au 67 cours de la Liberté, un peu plus loin dans la même rue, que naît Fernand, leur second enfant, le 16 mars 1910.
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Vers 1911 - 12 : Edmond et Fernand, les deux enfants de Marius et Marie Louise
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Juste après la guerre (date à vérifier), Marius et sa famille déménage à nouveau pour s'installer au 5 rue de Bonald, Marius ayant à nouveau changé de métier. En effet, il a monté une affaire de réparation d'articles en laiton pour les hôpitaux et son atelier se trouve dans le même quartier, au 8 rue Jangot. Nous avons retrouvé un objet fabriqué dans cet atelier, estampillé "GUILLERMET CONSTr 8 R. JANGOT LYON".
L'année 1928 est riche en mariages : En juin 1928, sa cousine Henriette se marie sur le tard (42 ans) avec Gaston PATEL., à Lyon 6° puis le 17 juillet 1928, c'est son fils Edmond, 27 ans, qui se marie avec Thérèse ESCOFFIER, 25 ans, dans le 4° arrondissement où le couple s'installe 18 rue Raymond.
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Mariage de Edmond GUILLERMET et Thérèse ESCOFFIER,
page de Scrapbooking réalisée le 13/08/2007.
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Enfin, en septembre de la même année, c'est son cousin François dit Francisque, qui se marie à Villeurbanne, avec Lucie Jeanne LAETELLIER, à l'âge de 55 ans (Annotations sur AN).
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Marius et Marie Louise, photographiés par leur petit-fils Fernand, en 1935, au jardin Raspail à Lyon. |